L'atelier
Notre visite se poursuit à l'intérieur, et là nous sommes " éblouis " par toutes les couleurs de fils !
Cet atelier fut construit en 1910 avec 50 métiers à tresser en bois fabriqués à Saint-Chamond au XIXème siècle sur le modèle perfectionné par Richard Chambovet. Ils sont en noyer, hêtre, buis, charme, et portent
des noms évocateurs : " princesse ", " soutache ", " escargot " " araignée ".
Leur fonctionnement spectaculaire met en évidence l'ingéniosité mécanique de ces machines qui tressent des myriades de fils colorés et fabriquent : lacets, cordons, galons, croquets, serpentines ...
Les métiers à tresser portent sur leur plateau des bobines de fil (les canettes) enfilées sur des fuseaux métalliques. Un mécanisme entraîne ces fuseaux, les faisant se croiser pour obtenir la tresse. Si le circuit est circulaire la tresse est ronde, si le circuit est ouvert, les fuseaux font des allers-retours et la tresse est plate.
Des canettes de toutes les couleurs valsent alors sur leur circuit et s'entrecroisent comme dans une danse, sur une musique singulière.
Le personnel, essentiellement féminin, venait des campagnes environnantes. Elles passaient en général la semaine sur le lieu de leur travail, les étages supérieurs servant de dortoir. Le bruit des machines était assourdissant ( nous n'en avons entendu que quelques-unes, je n'ose imaginer quand tout fonctionnait en
même temps ! ) et beaucoup d'ouvrières devenaient sourdes.
Un petit train à vapeur légendaire appelé " la galoche " serpentait le long de la rivière pour acheminer les ouvrières jusque sur les lieux de travail. A la demande du tresseur, l'usine Camus bénéficiait d'un " arrêt sauvage " auquel les ouvrières descendaient.
( carte ancienne trouvée sur le net )
Une ouvrière s’occupait de 50 métiers, surveillant le travail et intervenant pour remplacer les canettes vides et quand un fil cassait (un mécanisme arrêtait le métier dans ces deux cas). Dextérité et rapidité était requises. Elles débutaient à 13 ans jusqu’à leur mariage, puis reprenaient souvent une fois les enfants élevés.
( photo du net, désolée pour la mauvaise qualité )
Le plus grand métier à tresser, il possède il me semble pas loin de 100 bobines !
Le mur du fond est garni d'étagères remplies de bobines de fils de toutes les couleurs ...
A coté des grands ateliers il y avait le travail à façon chez les paysans, des ouvrages étaient confiés pour des travaux d'assemblage, de finition (ferrage des lacets) et d'emballage. C'était pour eux un revenu d'appoint non négligeable en ce temps là.
Le moulin Pinte a produit des tresses jusqu'en 1970. Comme les autres il a été touché par la crise du secteur liée à plusieurs causes : moindre utilisation des lacets dans la chaussure, disparition des corsets (pour lesquels ont faisait des lacets mesurant jusqu’à 9 mètres), baisse du marché algérien après l’indépendance de 1962, apparition de machines japonaises beaucoup plus performantes.
Désolée d'avoir été si longue, ça n'est pas dans mes habitudes mais je ne voyais pas l'intérêt de faire un second billet pour parler de cet atelier. J'ai trouvé tous ces renseignements sur le site de La Maison des tresses et lacets, sur celui de la Fédération des Moulins de France et ... dans ma mémoire !!!
A demain pour l'expo sur les colorants naturels.
Belle journée à toutes et tous !