Une fleur, une histoire
Retrouvons-nous en ce vendredi pour un nouvel opus de ce " Une fleur, une histoire " qui sera cette fois
consacré à une fleur de saison, le coquelicot.
D'abord écrit coquelicoq (1545), son nom est une variante de l'ancien français coquerico, désignant le coq
par onomatopée : il s'agit d'une métaphore entre la couleur de la fleur et celle de la crête du coq. On l'appelle également pavot-coq, pavot des champs, pavot sauvage, poinceau ou ponceau.
Les anglophones l'appellent corn poppy ou field poppy, autrement dit pavot " céréalier " ou " des champs ",
les allemands Klatschmohn (pavot ou pavot éclatant), mais aussi Feldmohn (pavot des champs), les hollandais kollenbloem (bloem = fleur, kol = sorcière), les italiens rosolaccio (dérivé de rosa = rose) ou papavero (pavot), les espagnols amapola ou, dans certaines régions, ababol.
Le coquelicot, Papaver rhoeas, est une plante sans doute originaire de Mésopotamie. Il y a de cela plusieurs millénaires, ce pavot aurait progressé vers l’Europe occidentale et l’Asie au même rythme que la culture des céréales, et plus particulièrement celle du blé. Comme le bleuet c'est une plante herbacée annuelle très abondante dans les terrains fraîchement remués à partir du printemps. Elle appartient au groupe des plantes dites messicoles car elle est associée à l'agriculture depuis des temps très anciens, grâce à son cycle biologique adapté aux cultures de céréales, la floraison et la mise à graines intervenant avant la moisson.
Le coquelicot est une plante velue, à suc laiteux, dont l’apparence frêle emplit les champs et les bords des chemins de mai à septembre. Quatre grands pétales veloutés ornent des étamines noir bleuté. En son centre trône la capsule (le fruit), d’où s’échappent de nombreuses graines, prêtes à coloniser de nouvelles contrées.
Le coquelicot est connu depuis toujours pour procurer un sommeil serein. Les égyptiens disposaient des pétales dans les tombeaux pour assurer au défunt un " doux sommeil ". Il était très utilisé jadis pour procurer aux enfants et aux adultes un sommeil réparateur, au point d’être appelé " l’opium inoffensif du peuple ". Il soigne avec cela la nervosité, l’hyperémotivité, les affections de la gorge et de l’appareil respiratoire.
Sur le plan symbolique le coquelicot est associé à Déméter déesse de la fertilité, mère nourricière, qui a tout pouvoir sur les cycles de la nature. Sa fille Perséphone est souvent représentée tenant des fleurs de coquelicot. La jeune fille cueillant cette fleur fut enlevée par Hadès, dieu des Enfers, laissant ainsi sa mère inconsolable. Quand Déméter menaça de détruire toutes les moissons, Zeus persuada Hadès de laisser son épouse Perséphone vivre une partie de l'année auprès de sa mère. Dans ce mythe ancien, la fleur allie le rouge de toute Vie (Déméter) aux tendres pétales fragiles (Perséphone) qui portent en leur centre la marque noire (Hadès).
Dans le langage des fleurs, le coquelicot symbolise " l’ardeur fragile " et signifie " Aimons-nous au plus tôt ".
Les noces de coquelicot symbolisent huit années de mariage.
Les pétales du coquelicot peuvent agrémenter des salades, servir à fabriquer un sirop ou des infusions.
À Nemours en Seine-et-Marne, on le cueille et on le transforme depuis 1870 ! Un confiseur de la ville eut l’idée de fabriquer des bonbons en utilisant le coquelicot, présent en quantité dans ce canton riche en terres calcaires. Il élabora d’abord des pastilles contre la toux, car le coquelicot possède des vertus apaisantes, puis naquirent les petits rectangles rouges translucides marqués d’une fleur que l’on connaît aujourd’hui. La tradition s’est perpétuée jusque dans les années 1930 avant de s’éteindre. La recette fut reprise dans les années 90.
( photo prise sur le site de Violette & Berlingot )
Le coquelicot a été choisi, au Canada, comme symbole en souvenir des soldats morts au combat. Ce symbole doit une bonne part de sa célébrité au poète et soldat canadien John McCrae. Son poème le plus connu, Au champ d’honneur, lui fut inspiré par les coquelicots qui poussaient le long du front occidental. Le coquelicot est depuis longtemps associé aux armées combattant en Europe, et ces fleurs envahissaient souvent les fosses communes laissées par les batailles. Pendant la Première Guerre mondiale, des bombardements d’artillerie intensifs bouleversèrent complètement le paysage, mêlant de la chaux aux sols crayeux. Les coquelicots s’épanouirent dans ce milieu, leur couleur flamboyant au milieu de ce terrain bombardé. La Légion canadienne, créée en 1925, adopta le coquelicot qui était porté sur le revers gauche et près du cœur pour rendre hommage au sacrifice des soldats en temps de guerre.
Les coquelicots ont inspiré Claude Monet qui les a peints en 1873, le tableau est exposé au Musée d'Orsay. La fleur a également inspiré le chanteur Mouloudji qui a chanté Comme un p'tit coquelicot et Gentil coquelicot.
( renseignements trouvés sur Interflora, Gerbeaud, Le Blog de Jackie, Musée canadien de la guerre )
Coquelicot
Onctueuse petite fleur
Si commune, rouge, saturée
Toi, la frêle tige sans peur
Belle qui semble arborer
Sans plus de fierté adorer
Simplissime épi de blé
Nourrissante graine comblée
Qui à ton ombre se dore.
Seul le vent peut te troubler
Coquelicot, je t'honore.
Isabelle CASSOU
Dom pour A vos marques, prêt, photographiez nous demande ce mois-ci des photos insolites, innatendues, rigolotes. Voici mes deux choix : une photo prise à Kotor au Monténégro, du linge " original "qui sèche dans une ruelle, et une seconde prise à Mornac sur Seudre, des cucurbitacées très prolifiques, et
qui ont des envies d'évasion !
A demain pour les défis du samedi
Belle journée à toutes et tous !